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Les pays dépendants de l'activité rurale sont ceux qui tirent le plus de profits de l’agriculture intelligente face au changement climatique (AIC). Les outils de priorisation peuvent aider à analyser systématiquement les meilleures pratiques pour l'investissement.

De nombreux pays d'Asie dépendent encore de l'agriculture en ce qui concerne une partie importante de leurs productions. Le Vietnam y compris. En 2015, au Vietnam, l'agriculture a contribué à hauteur de 20% au Produit Intérieur Brut (PIB) et a fourni des moyens de subsistance à environ 70% de la population. Cependant, le changement climatique peut affecter négativement la production agricole, comme en témoigne la récente manifestation de El Niño dans la partie septentrionale du pays. En effet, les agriculteurs vietnamiens ont dû faire face aux effets de la grave sécheresse et à une intrusion d’eau salée.

Une solution à trois gagnants: l'AIC peut améliorer la sécurité alimentaire, améliorer la résilience et atténuer les changements climatiques. De nombreuses pratiques à partir d'un large éventail de secteurs, telles que la foresterie, la production agricole, la politique, l'énergie, les chaînes de valeur et autres, peuvent être considérées comme faisant partie de l'AIC. Cependant, une pratique spécifique ne doit pas nécessairement faire face à la sécurité alimentaire, la résilience et l'atténuation de la même manière. 

Lors d'un atelier portant sur l’intensification de la pratique de l’AIC au Vietnam, Dr Godefroy Grosjean du Centre International d'Agriculture Tropicale (CIAT) a noté : «De nombreuses pratiques, programmes et politiques peuvent répondre aux normes de l’AIC dans un secteur, mais aucun ne répond probablement à toutes les normes à la fois." Il n'y a vraiment pas de solution «universelle»  aux différents problèmes liés au changement climatique. Avec les pratiques, programmes et politiques de l'AIC disponibles, les décideurs doivent identifier lesquels seraient les plus adéquats selon un domaine spécifique.

Dr Leocadio Sebastian, chef de programme de la région de l’Asie du Sud-Est pour le programme de recherche du CGIAR sur le Changement Climatique, l'Agriculture et la Sécurité Alimentaire (CCAFS), a, en outre, expliqué que l'identification des pratiques de la CSA ; pour être pris en charge a grande échelle ; est une question d'investissement.

Une approche systématique pour identifier les pratiques appropriées à mettre en œuvre dans différents domaines devrait donc être utilisée. Selon le Dr Sebastian, il est nécessaire d’avoir des preuves bien documentées (et non pas des anecdotes simplement) pour éviter la mise a l’échelle injustifiée, qui souvent entraîne une perte des ressources.

Mise en place d'un modèle de vermiculture dans le village climato-intelligent de Ma dans le nord du Vietnam. Les pratiques de l'AIC, comme la vermiculture et la gestion des déchets, aident à la sécurité alimentaire, à l'adaptation aux changements climatiques et à l'atténuationPhoto: Pham Nhu Trang/CIAT

Quelles sont les meilleures pratiques pour quelles localités?

CCAFS, en collaboration avec le CIAT, l'Institut vietnamien pour l'agriculture et Environnement (IAE) et l'Institut de la Politique et de la Stratégie de l'Agriculture et du Développement Rural (IPSARD) du Vietnam, a piloté un cadre CSA de priorisation au Vietnam. Dans ce cadre participatif, les chercheurs et les intervenants dans le delta du fleuve Rouge, du centre cote sud, et les régions du delta du Mékong ont identifié et classé les pratiques de l'AIC à prioriser dans le pays.

A partir d'une longue liste de pratiques AIC recueillies après une revue littéraire, des enquêtes et des rencontres avec des experts, des chercheurs de l'IAE ont examiné et présélectionné 13 pratiques à travers une analyse des parties prenantes, des entretiens avec des informateurs clés et d'autres enquêtes. IPSARD a ensuite analysé les coûts et les avantages de la mise en œuvre des pratiques de l'AIC choisies.

Dr Tran Dai Nghia de IPSARD a signalé au cours de l'atelier qu’«il y a des conflits existants et des compromis entre la protection de l'environnement, l'adaptation (au)/l’atténuation (des effets du) au changement climatique et l'amélioration des moyens d'existence ainsi que les revenus. Cependant, il a été demontré que la plupart des options de l'AIC évaluées sont plus rentables par rapport aux pratiques traditionnelles ... Pour mettre l'AIC en pratique au Vietnam, une feuille de route claire est nécessaire».

Comme indiqué plus tôt, un atelier pour la mise à l'échelle  de l'AIC a eu lieu le 27 Juillet 2016 à Hanoi au Vietnam pour présenter aux fonctionnaires du gouvernement, en particulier ceux du Ministère de l'Agriculture et du Développement rural (MADR) le cadre de priorisation de l'AIC. Il a été souligné lors de cet atelier que le cadre pourrait être utilisé comme un outil pour hiérarchiser l'AIC évolutif.

"Le cadre de priorisation de l'AIC est une méthodologie très ouverte, qui pourrait être adaptée aux différents besoins et contextes», a déclaré le Dr Grosjean. Il a donné des exemples du Guatemala, du Mali et de la Colombie, qui sont à l'essai dans la résolution des problèmes liés au changement climatique dans l'agriculture.

L'outil de priorisation pourrait aider le gouvernement à identifier les pratiques à recommander aux organismes désireux de soutenir et intensifier l'AIC au Vietnam. Dr Sebastian a noté : "le Vietnam a la chance d'avoir de nombreuses organisations internationales travaillant dans le pays. Ces organisations peuvent être soutenues dans leurs initiatives en matière de changement climatique".

Il est à espérer que le gouvernement du Vietnam intègre ce cadre dans leur approche de l'agriculture et du développement rural.

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Amy Cruz est spécialiste de la communication pour le ICRAF Philippines. Elle est également consultante en communication pour le programme CCAFS en Asie du Sud-Est