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Sur la ligne de front du changement climatique, il peut être difficile de tenir la promesse d'une agriculture intelligente face au climat dans les pays d'Afrique de l'Est et de l'Ouest. Mais de nouveaux projets soutenus par l'Union européenne et le Fonds international de développement agricole (FIDA) démontrent ce qu'il est possible de réaliser lorsque nous fusionnons des partenariats innovants avec des "suspects inhabituels" des secteurs public et privé.  

L'UNFCCC déclare : "Le changement climatique a un impact croissant sur le continent africain, affectant le plus durement les plus vulnérables et contribuant à l'insécurité alimentaire..." (2020). Le renforcement du secteur agricole a été identifié comme l'une des opportunités majeures pour l'amélioration de la résilience des communautés, combattant ainsi le défi climatique accru auquel sont confrontées les communautés africaines.

L'Alliance pour une Revolution Verte en Afrique (AGRA) souligne l'importance de partenariats solides pour renforcer ce secteur. Pourquoi ? Lesdits partenariats peuvent générer un alignement plus fort entre les priorités du gouvernement et les intérêts du secteur privé, tout en créant des synergies entre les différents acteurs des chaînes de valeur concernées.

L'initiative "Transforming Food Systems Under a Changing Climate"lancée par le programme de recherche du CGIAR sur le Changement Climatique, l'Agriculture et la Sécurité Alimentaire (CCAFS), avec plus de 100 partenaires pour atteindre les objectifs de développement durable (ODD), réaffirme la pertinence du travail en partenariat pour avoir un impact sociétal.

Le rapport Actions to Transform Food Systems Under Climate Change a été lancé dans le cadre de cette initiative et il recommande vivement de recourir à des partenariats (public-privé) pour transformer le système alimentaire mondial. Un défi majeur consiste toutefois à s'engager avec divers partenaires de manière à ce que la recherche finisse par être utilisée dans les communautés pour améliorer durablement leur résilience au changement climatique.

CCAFS a construit un réseau solide avec différents types de partenaires dans l'optique d'avoir un impact sur les communautés de producteurs d'Afrique de l'Est et de l'Ouest. Le projet "Building Livelihoods and Resilience to Climate Change in East and West Africa" renforce davantage ces partenariats afin d'améliorer les moyens de subsistance et d'accroître la résilience au changement climatique des petits exploitants agricoles d'Afrique de l'Est et d'Afrique de l'Ouest grâce à l'adoption à grande échelle de technologies et de pratiques d'agriculture intelligente face au climat (AIC).

Les partenariats avec les gouvernements sont essentiels. Ils aident les pays à définir leurs stratégies nationales et créent des conditions favorables à l'adoption des politiques de l'AIC. Le projet Building Livelihoods and Resilience a travaillé avec les gouvernements du Ghana et du Burkina Faso pour produire des plans d'investissement de l'AIC, qui ont aidé les deux pays à développer leurs stratégies nationales AIC respectives.

De plus, en collaboration avec le gouvernement kenyan, ce projet a permis de développer un Atlas de Données sur l'AIC afin d'élaborer des analyses de rentabilité et de soutenir les processus décisionnels du gouvernement en matière d'AIC.  

Les partenariats doivent toutefois s'étendre au-delà des gouvernements. Le secteur privé est également un partenaire essentiel pour mobiliser des fonds et l'expérience montre que les entités du secteur privé sont capables de saisir rapidement les opportunités qui s'offrent à elles si elles sont intéressantes d'un point de vue commercial.

Dans la lignée de ce dernier point, ce projet s'est associé à Manobi Africa pour mettre en place la plateforme de développement commercial agCelerant. Cette plateforme restructure le secteur agricole africain en des chaînes de valeur inclusives, permettant au projet de développer des services climatiques sur mesure impliquant les chaînes de valeur des petits exploitants. Ces services climatiques contextualisés aident les petits exploitants agricoles à devenir plus résistants aux problèmes climatiques.

Echnoserve en Éthiopie est un autre exemple de partenariat du secteur privé dans le cadre de ce projet. Cette collaboration a débouché sur le développement de l'application YeZare qui est utilisée pour diffuser aux agriculteurs des informations climatiques et commerciales adaptées et actualisées. Plus de 5 000 agriculteurs ont déjà utilisé cette application.

L'une des principales conditions préalables sont son inclusivité et son accessibilité aux (petits) agriculteurs. Pour atteindre ceux qui sont souvent les plus difficiles à atteindre, le projet s'est associé à des services de vulgarisation pour étendre la l'AIC aux niveaux sous-national et national.

En Éthiopie, une campagne de sensibilisation nationale a été lancée avec la société de radiodiffusion Fana Radio, ce qui a permis de diffuser des messages sur la l'AIC pouvant atteindre jusqu'à 15 millions d'Éthiopiens. En utilisant à la fois la station de radio principale de Fana Radio et ses stations de radio FM régionales, des services d'information climatiques (CIS) contextualisés et les meilleures pratiques de l'AIC ont été partagés avec les auditeurs de la station.

Les partenaires internationaux et bilatéraux sont également indispensables pour traduire la recherche en résultats à l'échelle. Le partenariat entre l'UE, le FIDA et le CCAFS par le biais du programme PRUNSAR est essentiel pour que les chercheurs du CCAFS et du CGIAR améliorent continuellement la résilience et les moyens de subsistance des petits agriculteurs, des jeunes et des femmes dans les communautés rurales.

Pour atteindre cette échelle, il est nécessaire que les initiatives de recherche s'associent à des efforts de développement majeurs afin de favoriser l'apprentissage conjoint. Nous en avons été témoins au Mali, où le CCAFS s'est associé au projet Mali Inclusive, financé par le FIDA, pour élaborer un profil de risque climatique pour la région de Ségou. Nous l'avons encore vu en Éthiopie, où le CCAFS s'est associé au projet DeSIRA, financé par l'UE, pour  soutenir la transformation productive, durable et adaptée au climat de l'agriculture et des systèmes alimentaires.

Ces exemples démontrent que les bons partenariats peuvent stimuler l'adoption de la recherche dans les sociétés où la résilience au changement climatique peut être améliorée. Le défi, comme indiqué précédemment, est de réunir les bons partenaires dans un consortium qui, ensemble, peuvent mettre la recherche en pratique dans la société. Différents types de partenaires apportent différentes ressources à la table, mais l'identification des ressources et des partenaires les mieux adaptés reste un défi.

Le projet Building Livelihoods and Resilience to Climate Change in East and West Africa démontre que les collaborations avec différents types de partenaires peuvent contribuer de manière significative à la mise en œuvre de la recherche agricole pour le développement (AR4D).

Les collaborations avec les gouvernements, quant à elles, augmentent la probabilité que la recherche soit intégrée dans les stratégies (nationales) tout en créant les conditions nécessaires à l'adoption des politiques de l'AIC. Les partenaires du secteur privé ont prouvé leur capacité à saisir rapidement de nouvelles opportunités et à traduire la recherche en ressources tangibles qui peuvent faire la différence dans les communautés.

Enfin, les services de vulgarisation tout comme les partenaires internationaux débloquent le potentiel de mise à l'échelle des résultats de la recherche, ce qui se traduit en fin de compte par des impacts plus importants de l'AR4D dans les sociétés.  

Comme le démontre ce projet, lorsque vous établissez un partenariat et une coordination réussis entre les acteurs de la recherche, du gouvernement, de la communauté internationale et du secteur privé, vous obtenez les meilleurs résultats pour les populations, la planète et le climat.

Wiebe Smit est le responsable de la gestion de programme du programme de recherche du CGIAR sur le Changement Climatique, l'Agriculture et la Sécurité Alimentaire (CCAFS).
Cette pièce a été traduite en français par Dansira Dembélé, chargée de la communication du CCAFS en Afrique de l'Ouest.