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"L'agriculture comme moteur de la déforestation" fait partie de la liste très sélect de sujets auxquels va s’attaquer, ce mois-ci à Bonn, le nouveau programme REDD + de la CCNUCC. Les visions optimistes soutiennent que les actions financées par ce mécanisme dans le but de réduire les émissions résultant du déboisement et des dégradations des forêts, profiteront non seulement le stockage du carbone, mais aussi la biodiversité, l'agriculture durable et la réduction de la pauvreté.  Les praticiens expérimentés en matière de conservation et de développement se demandent à juste titre, si ces cas idéalistes á multiples gagnants sont réellement possibles.

La bonne nouvelle est que, en effet, les pays peuvent à la fois accroître la production alimentaire et la couverture forestière. Les pays qui ont réussis – la Chine, le Vietnam, l’Inde, le Bhoutan, le Costa Rica, El Salvador et le Chili - ont utilisé des combinaisons de mesures politiques afin d’inciter l'intensification agricole tout en réglementant les zones d'utilisation des terres.  Cependant, comme le soulignent Eric Lambin et Patrick Meyfroidt dans Global land use change, economic globalization, and the looming land scarcity, chacune de ces histoires á succès a entraîné de plus grandes importations de produits alimentaires et par conséquence, l'exportation de l'utilisation des terres et les émissions associées vers d'autres pays.

Actuellement, dans aucun pays l’utilisation des terres n'est à l'abri des marchés mondiaux. Lambin et Meyfroidt expliquent quatre effets principaux des flux de longue distance de marchandises et capitaux, tous très pertinents pour  l'interface forêt-agriculture. Tout d’abord, les restrictions d'utilisation des terres telles que le mécanisme REDD + peuvent déplacer l'agriculture vers d'autres localités (fuites). Deuxièmement, l'intensification agricole peut avoir un effet de rebond en augmentant les retours à l'agriculture et en accélérant donc en fin de compte, le déboisement des forêts, des prairies et des zones humides. Troisièmement, l’envoi de fonds des zones urbaines vers les zones agricoles peut fournir des capitaux pour l'expansion agricole. Enfin, comme nous l'avons constaté avec les biocarburants, les réactions successives du marché peuvent déclencher une cascade d'effets non intentionnels sur l'utilisation des terres.

De quelle orientation dispose l’agriculture et le REDD + pour faire face à cette complexité? Au delà, l’absence de moteurs uniques à des échelles uniques fait appel à une prise de décision qui soit intégrée à différents niveaux. Même la gouvernance au niveau local doit reconnaître les flux de longue distance des marchandises et des capitaux. Les effets de rebond et en cascade ne seront pas résolu par des incitations économiques, mais par une gouvernance plus forte des chaînes d'approvisionnement et d'utilisation des terres. Au niveau national, les politiques agricoles et les propositions REDD + en préparation pourraient se  fournir mutuellement  un espace opérationnel, de préférence sous des voies de développement unificatrices à faible émission de carbone. Le succès des investissements dans l'intensification agricole est extrêmement contingent, mais actuellement il est peut être plus fructueux dans les systèmes agricoles qui ont des écarts de rendement élevés et sont moins intégrés aux marchés internationaux.

Ultimately, as Lambin and Meyfroidt say, “outsourcing of land use globally is not an option”. We simply do not have enough: without major changes in technology and land use efficiency, any uncontested land reserve will run out before 2050, given demands of between 10 and 26 million hectares per year from urbanization, agriculture and conservation. Global policy frameworks and markets should, in theory, help us allocate land uses most efficiently to meet the needs of all. Let’s hope that the Bonn meeting is a first step to harnessing globalization as part of the solution.

En fin de compte, comme le disent Lambin et Meyfroidt, " l'externalisation de l'utilisation des terres au niveau global n'est pas une option». Nous n'en avons tout simplement pas assez: en absence de changements majeurs  en termes de technologie et d'utilisation efficace des terres, toute réserve foncière incontestée sera épuisées d'ici 2050 étant donnée des demandes de entre 10 et 26 millions d'hectares par an venant de l'urbanisation, l'agriculture et la conservation.

 Les cadres politiques et les marchés mondiaux devraient, en théorie, nous aider à allouer plus efficacement l’utilisation des terres pour répondre aux besoins de tous. Espérons que la réunion de Bonn soit un premier pas vers la maîtrise de la mondialisation en tant que partie de la solution.

 

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Ce blog fait partie de la série AgClim Letters, un bulletin mensuel sur la politique scientifique écrit par Sonja Vermeulen, directrice de recherche du programme du programme de CGIAR 'Changement Climatique, Agriculture et Sécurité Alimentaire' (CCAFS). Inscrivez-vous pour le recevoir comme un bulletin électronique.