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Introduction des variétés bio fortifiées dans les villages climato-intelligents du Burkina : La voie vers une résilience des systèmes agro-alimentaires ?

Alimata Ouedraogo, l'une des femmes qui ont reçu des boutures de patates biofortifiées

Les varietés biofortifiées de patate douce et de petit mil ont été introduites dans les CSVs du Burkina Faso

Dans la province du Yatenga au Burkina Faso où la malnutrition persiste, les approches combinées agro-alimentaires peuvent améliorer la valeur nutritionnelle de certains aliments en élevant leur teneur en micronutriments. Les variétés de patate douce et de mil bio-fortifiées constituent une option pour l’amélioration de la situation nutritionnelle  des populations dans la région.

Au Burkina Faso, avec son partenaire l’Institut de l'Environnement et de Recherches Agricoles du Burkina Faso (INERA), CCAFS en Afrique de l’Ouest, favorise des options locales et progressives d'adaptation au changement climatique à travers l’approche de villages climato-intelligents (CSV).

L’approche CSV est en cours dans les villages de Ramdolla, Lemnogo et Tibtenga,. Le programme CCAFS et ses partenaires y renforcent les capacités locales, en fonction, souvent, des connaissances endogènes locales afin que les bénéficiaires soient en mesure  d’innover, et d’expérimenter de nouvelles technologies et pratiques d’agriculture intelligente face au climat (AIC) à travers l’approche Villages Climato-Intelligents (CSV). 

Aussi, sur la base de la vision du futur du village, un ensemble d'actions ont été identifiées par la communauté agricultrice afin d'atteindre les changements souhaités dans la productivité agricole et la sécurité alimentaire tels que les activités génératrices de revenus, l'amélioration de la résilience et la gestion durable des ressources naturelles du village.

Dans le souci de répondre au défi de la malnutrition dans un contexte de variabilité et de changement climatique notamment  dans une zone très vulnérable telle que le  Nord du Burkina, il est nécessaire de conjuguer les efforts. 

C’est ainsi que CCAFS, ICRISAT, ICRAF et INERA ont collaboré afin de participer à ces efforts dans le cadre de la recherche-action. L’introduction de variétés de mil et de patate bio-fortifiées dans les villages climato-intelligents de Ramdolla et de Lemnogo a donc été réalisée à travers le projet Renforcement des systèmes agro-sylvo-pastoraux résilients en Afrique de l'Ouest à travers la recherche action participative (BRAS-PAR) dirigé par l’ICRAF.

La bio-fortification est le processus par lequel la qualité nutritionnelle des cultures vivrières est améliorée grâce à des pratiques agronomiques sélectives et biotechnologiques modernes lui apportant une forte teneur en micronutriments

 

 

Une phase expérimentale ayant suscité beaucoup d’intérêt auprès des producteurs

C’est dans cette optique qu’au mois de juillet les premières boutures de patate et les premières semences de mil , toutes bio-fortifiées, ont été semées dans les villages de Ramdolla et Lemnogo.

Les variétés  de patates ont été choisies au vu de leurs valeurs sur le plan du rendement, de sa valeur sur le marché et de ses caractéristiques organoleptiques.

Les deux villages ont été choisis compte tenu des atouts qui le rendent attrayants pour la production de patate. L’existence de  vastes bas-fonds présentant une humidité intéressante et les habitudes de maraîchage en contre-saison en ont fait des villages des sites propices pour la promotion de la  culture de patate. Les chercheurs du Programme Cultures Maraichères, Fruitières et Plantes à Tubercules de l’Institut de l’Environnement et de Recherches Agricoles (INERA) ont formé  les bénéficiaires sur les techniques production de la patate .  

Formation à la culture de la patate biofortifiée dans le CSV de Ramdolla. Photo: Dansira Dembélé (CCAFS-Afrique de l'Ouest)

Trois mois après l’introduction des variétés est venue l’heure de l’évaluation participative des essais effectués. Une partie des récoltes de chaque variété a été présentée et les bénéficiaires ont saisi l’occasion pour exprimer leurs opinions à la fois sur le plan du rendement et le plan gustatif.

Ecoutez le podcast sur les témoignages des bénéficiaires

Des variétés aux qualités nutritionnelles essentielles à l’organisme

Les variétés de patate douce introduites ont été créées et testées par l’INERA. Les techniques de sélection classique ont été utilisées pour produire une patate douce à chair orange bio fortifiée qui fournit des taux élevés en zinc, en fer et en vitamine A. La patate douce à chair orange est une source de vitamine A. Les variétés de patate douce à chair orange sont d'excellentes sources de vitamine. En outre les feuilles de patate douce peuvent également être consommées comme les racines tubéreuses de patate douce car elles ont des avantages nutritionnels indéniables. Les feuilles et les boutures de patate douce sont d'excellentes sources de vitamines A, B (thiamine, niacine et pyridoxine) et C et contiennent des taux relativement élevés de protéines, de calcium et d'antioxydants.

C’est dire qu’elles permettent aux ménages à faibles revenus de répondre à leurs besoins en micronutriments grâce à leurs propres productions alimentaire tout en accroissant leurs revenus grâce à leur valeur marchande. 

Une varieté de mil biofortifiées. Photo: Dansira Dembélé (CCAFS- Afrique de l'Ouest)

Les variétés de petit mil développés et testées par l’ICRISAT garantissent, quant à elles, un apport suffisant en vitamine A, zinc et de fer.

D’ores et déjà, après ces tests, les communautés agricoles des villages d’intervention du CCAFS et même ceux des localités environnantes ont manifesté un vif intérêt pour ces cultures, qui améliorent leurs vies et plaident pour une perpétuation de la culture des variétés biofortifiées.

Des actions  doivent être prises par la recherche et le service de l’agriculture pour assurer une accessibilité à temps aux semences de ces variétés bio fortifiées.

A Visionner :

Lectures complémentaires: 

 

Dansira Dembélé est chargée de communication à CCAFS en Afrique de l'Ouest basée à ICRISAT Afrique de l'Ouest et Centrale

Dr Mathieu Ouédraogo est chercheur à CCAFS Afrique de l'Ouest

Silamana Barry est chercheur à l’Institut de l’Environnement et de Recherches Agricoles (INERA), Burkina Faso.