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Agriculture intelligente face au climat: Etat des lieux au Sénégal

L'intégration des pratiques de l'agriculture intelligente a renforcé la résilience des agriculteurs dans la zone sahélienne. Photo: M. Tall (CCAFS)

 Au Sénégal et ailleurs, le concept de l'agriculture intelligente face au climat (AIC) est d’actualité d’autant plus que le secteur agricole contribue pour 17 % au PIB national et emploie 70% de la population.

Le profil pays de l’AIC du Sénégal fournit une situation générale de l'agriculture intelligente face au climat dans le but d’initier des discussions, dans les pays ayant les mêmes réalités climatiques et agricoles.

De quoi parle t-on?

L'Organisation des Nations Unies pour l'Alimentation et l'Agriculture (FAO) définit ainsi l'agriculture intelligente face au climat (AIC): " L'agriculture intelligente face au climat (AIC) est une approche qui permet de définir les mesures nécessaires pour transformer et réorienter les systèmes agricoles dans le but de soutenir efficacement le développement de l'agriculture et d'assurer la sécurité alimentaire face au changement climatique. L’agriculture intelligente face au climat vise à traiter trois objectifs principaux : l’augmentation durable de la productivité et des revenus agricoles (sécurité alimentaire); l’adaptation et le renforcement de la résilience face aux impacts du changement climatique (adaptation); et la réduction et/ou la suppression des émissions de gaz à effet de serre (l’atténuation), le cas échéant."

Le changement climatique au Sénégal

Le changement climatique au Sénégal est une réalité indéniable. Dans un rapport publié sur l'état de l'environnement par le Centre de Suivi Ecologique (CSE) il est ressorti que la température annuelle moyenne a augmenté de 1,6 °C depuis 1950 avec une augmentation plus forte observée dans le nord du Sénégal, en moyenne de 3° Celsius. Le même rapport indique une réduction de 30% des précipitations entre 1950 et 2000, avec une forte variabilité d'une année à l'autre et d'une région à l'autre. Alors que les tendances ont été améliorées depuis 2000, ceci ne signifie pas nécessairement une fin du cycle de sècheresse.

L'économie agricole au Sénégal

L’agriculture et l’élevage 

Le Sénégal compte 14 millions d’âmes dont environ 57% vit en milieu rural. Ceci fait que le secteur agricole et animal y constitue la principale activité économique. Cependant seulement 5% de Sénégalais possèdent des grandes exploitations agricoles. Ajoutés à cela une combinaison de terres agricoles dans des mauvaises conditions et une situation météorologique irrégulière, un manque d'infrastructures et d'accès à des semences et engrais de bonne qualité ont laissé le secteur agricole sous-développé et incapable de répondre à la demande alimentaire de la population croissante. Le riz qui est la céréale la plus prisée constitue 33% des produits importés. 

La pluviométrie est le facteur clé qui détermine la production agricole puisque moins de 5% des terres cultivées sont sous irrigation. L'économie agricole se caractérise par la domination des petits agriculteurs qui cultivent le mil, le sorgho, le maïs et le riz à des fins de subsistance. 

Les systèmes de production clés pour la sécurité alimentaire au Sénégal

Technologies et pratiques d'agriculture intelligente face au climat

Les technologies et pratiques d’AIC pourraient permettre de relever les défis du changement climatique, ainsi que d’accroitre la croissance économique et le développement agricole. Le profil AIC du Sénégal explique comment les pratiques agricoles sont considérées intelligentes face au climat et surtout comment elles relancent la sécurité alimentaire.

Au Sénégal, des exemples de pratiques d’agriculture intelligente existent, particulièrement avec les agriculteurs qui sont appuyés par le gouvernement et les ONG qui travaillent dans le secteur agricole. On peut citer entre autre: l'utilisation des semences certifiées de haute qualité et des variétés diversifiées, les bonnes pratiques agricoles (lutte contre les incendies, désherbage), les cultures intercalaires l’agroforesterie, la régénération naturelle assistée, l'utilisation appropriée d’engrais minéral et organique, le paillage et le compostage, etc.

Un point positif est l’adoption croissante de l’assurance-indiciaire climatique par les petits exploitants de mil, de riz, de maïs et d'arachide, grâce à une subvention de 50% accordée par le gouvernement et à des systèmes innovants de paiement intégrant le coût des primes d’achat d'intrants.

Institutions et politiques favorisant l’agriculture intelligente face au climat

Le Sénégal compte plusieurs institutions et politiques clés visant à soutenir et à accroître la productivité agricole et à promouvoir les pratiques d’AIC. Le graphique ci-dessous met en lumière des institutions clés dont les principales activités concernent un, deux ou les trois piliers de l’AIC (productivité, adaptation et atténuation).

La majorité des organisations sondées travaillent dans une certaine mesure, sur l’agriculture intelligente face au climat, principalement par le biais de la distribution d'information et de la recherche-action, alors que très peu d'entre elles ont des budgets pour mettre en œuvre leurs pratiques.

Institutions et organisations promouvant l'agriculture intelligente face au climat

A l’instar du profil AIC du Sénégal, le programme de recherche du CGIAR sur le changement climatique, l’agriculture et la sécurité alimentaire (CCAFS) met à la disposition des organisations et personnes intéressées, une série de plusieurs profils AIC pays. Ces profils, téléchargeables sur le site web du CCAFS identifient les défis du secteur agricole, présentent les pratiques déjà existantes et les leçons tirées des études de cas. Ils aident à l'adaptation et au renforcement de la résilience aux changements climatiques, en plus de la réduction des émissions de gaz à effet de serre.

Dansira Dembele est assistante de communication à CCAFS Afrique de l'Ouest