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Fouillant dans le passé pour mieux gérer l'avenir

Un chercheur de maïs. Photo: N. Palmer (CIAT).

Les performances passées ne sont pas un indicateur parfait des performances futures or c’est le seul dont nous disposons. Ainsi, la compréhension scientifique de la façon dont l'agriculture répondra aux climats futurs se bénéficie énormément d'informations plus précises sur les réponses du passée. Un exemple inspirateur est l’article Nonlinear heat effects on African maize as evidenced by historical yield trials, de David Lobell, Marianne Bänziger, Cosmos Magorokosho et Bindiganavile Vivek, publié dans le numéro inaugural de Nature Climate Change.L'innovation de ces auteurs réside dans la ré-analyse de 20000 essais de maïs provenant de stations de recherche en Afrique centrale, du sud  et de l’est. Aucun des essais avait été initialement conçu pour étudier les effets du changement climatique; l'analyse post-hoc a été rendue possible en faisant correspondre chaque essai aux données météorologiques journalières, extrapolées à partir des enregistrements de stations météorologiques situées á proximité. La principale conclusion est que chaque jour présentant des températures supérieures á 30°C réduisait le rendement final de  1% dans des conditions optimales et de 1,7% en conditions de sécheresse - un impact étonnamment grand pour une culture considérée comme relativement tolérante à la chaleur. Les températures dépassent fréquemment les 30°C dans les sites africains avec des températures moyennes de saison de croissance de 23°C et plus.

Le grand jeu de données rend possible un aperçu supplémentaire spécifique au maïs dans cette région. Les jours chauds sont particulièrement désastreux pour les 21 jours autour de l'apparition des soies (floraison), et les journées chaudes sont encore plus néfastes que les nuits chaudes. Différentes variétés réagissent différemment à des températures élevées confirmant qu’au moins dans ces gammes de température, le changement de variété sera probablement une stratégie vitale d’adaptation. La sélection pour la tolérance de la chaleur devrait fortement contribuer à maintenir les rendements dans les années de sécheresse.

La méthode et la manière de travailler introduite par cette étude sont peut être tout aussi intéressantes que les résultats spécifiques. En effet, l'appariement des données des essais historiques avec les données météorologiques peut être appliqué à d'autres cultures, d’autres régions et d’autres variables climatiques (en mettant par exemple l'accent sur les précipitations plutôt que sur la température). Dans ce cas particulier, l'analyse des données a été rendu possible grâce á une collaboration active entre l'Université de Stanford, le centre international du CGIAR pour l’amélioration du maïs et du blé (CIMMYT), les systèmes nationaux de recherche agricole, et les entreprises semencières privées.

La recherche agricole africaine souffre d’un sous-investissement chronique. FARA, le Forum sur la recherche agricole en Afrique, estime à partir des chiffres de la Banque mondiale que 1% du budget global de la recherche agricole publique est dépensé en Afrique. En 2005 seulement six pays (PDF) avaient tenu la promesse de la Déclaration de Maputo de 2003 d’allouer 10% de leur budget national à l'agriculture. Le Nigeria par exemple a un engagement politique visant à l'autosuffisance dans la production alimentaire, or dans le budget 2011 il a alloué moins de 2% à l'agriculture. De même, les bailleurs de fonds internationaux ne tiennent pas leurs engagements concernant les aides financières promesses issues de la réunion du G8 á Gleneagles en 2005 (PDF).

Accentués par l'évidence croissante des futurs impacts du changement climatique sur l'agriculture et les moyens de subsistance, les appels à réinvestir dans l'agriculture vont s’amplifier de toute part. En attendant les scientifiques africains doivent être pragmatiques au regard des contraintes actuelles. Des études comme celle-ci sont difficiles - ils exigent beaucoup en termes de compétences, de temps et de partenariat - mais elles sont relativement bon marché.  L’utilisation de méthodologies comme celle utilisée dans cette étude peut être un excellent moyen de rapprocher les sciences agricole et du climat sous le leadership africain.

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Ce blog fait partie de la série AgClim Letters, un bulletin mensuel sur la politique scientifique écrit par Sonja Vermeulen, directrice de recherche du programme du programme de CGIAR 'Changement Climatique, Agriculture et Sécurité Alimentaire' (CCAFS). Inscrivez-vous pour le recevoir comme un bulletin électronique.