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Les innovations gagnantes de la Foire de l’Innovation Paysanne pour l’Afrique de l’Ouest (FIPAO)

Photo de groupe avec les lauréats et les organisateurs du FIPAO. Photo : Maïmouna Fané (CCAFS)

Au terme de la Foire de l’Innovation Paysanne pour l’Afrique de l’Ouest (FIPAO), les 5 meilleures innovations ont été primées.

Fidèle à sa vocation qui est de promouvoir la vulgarisation des innovations paysannes en vue de l’adaptation au changement climatique, le programme de Recherche du CGIAR sur le Changement Climatique, l’Agriculture et la Sécurité Alimentaire (CCAFS) a apporté son accompagnement à la Foire de l’Innovation Paysanne pour l’Afrique de l’Ouest (FIPAO).

Le FIPAO a eu lieu du 15 mai au 16 Mai 2015 dans l’enceinte du Salon International de l’Artisanat de Ouagadougou (SIAO). Cette foire s’affiche comme étant un cadre de promotion et de valorisation des produits à caractère innovateur. Ainsi 8 pays ont exposé une grande multiplicité de produits.

A la fin de la foire, 5 de ces innovations ont été primées suivant les 7 critères suivants : l’originalité, la pertinence, la viabilité technique, environnementale, économique et sociale ainsi que la mise à l’échelle.

Les innovations ont également été regroupées en cinq grands groupes pour lesquels une innovation a été primée. Ces groupes sont: les techniques de production végétale, les techniques de production animale, les techniques de gestion des ressources animales, la valorisation des produits agro-sylvo-pastoraux et les innovations de types institutionnelles-communication et la mécanisation agricole.

Les cinq (5) innovations primées sont donc:

Techniques de production végétale

Le greffage n’pegou/ngounan présenté par Sidiki Coulibaly, agriculteur village de Zembougou-Mangoni, cercle de San (Mali)


sidiki coulibaly, primé pour son innovation "le greffage n'pegou/n'gounan"

PHOTO: MAÏMOUNA FANÉ (CCAFS)

Cette innovation consiste à greffer deux espèces de la famille n’pegou sur le ngounan. Elle permet d’améliorer la grosseur des fruits de Lannea Microcarpa  pour donner à la production une meilleure valeur marchande. Trois provenances de Lannea ont été greffées sur le Sclerocarya Birrea de Zembougou-Mangoni, celle de Syana (Doila), Sokolo (Bandiagara) et celle de Zembougou-Mangoni. Quinze plants ont subi la greffe  et ont été mis en place chez les trois paysans concernés par l’expérimentation. Chaque paysan a été considéré comme une répétition.   

L’innovation n’a aucun effet néfaste sur la population et l’environnement car les deux espèces concernées par l’innovation sont comestibles au niveau national.

Les techniques de production animale

Les soins des animaux présenté par Salfo Sibiri Ouedraogo, éleveur et membre de la coordination des groupements d’éleveurs de Wendwaogo de l’Oubritenga, Ziniare (Burkina Faso)


salfo sibiri ouedraogo primé pour son innovation "le soin aux animaux"

PHOTO: MAÏMOUNA FANÉ (CCAFS)

L’innovation consiste à soigner les animaux (les bovins et les petits ruminants) à partir des plantes et des espèces végétales locales. Elle prévient aussi les différentes maladies sans traitement en dehors du choléra des poules.  Cette innovation intervient dans deux domaines :

  • Au niveau de l’élevage de la volaille : les femmes n’étaient pas dans de bonnes conditions pour élever la volaille à cause de la ponte incontrôlée des poules qui  était un problème courant.
  • Au niveau des bœufs : l’innovation permet de mettre à la disposition des femmes des techniques et des pratiques pour faire une embouche de trois mois et d’avoir le même gain que celles qui pratiquent une embouche de 6 à 12 mois. La pratique de l’ensilage pour avoir de l’herbe fraiche en saison sèche et la culture fourragère sur des terres abandonnées après la période de sarclage ou les paysans sont moins occupés sont aussi des problèmes résolues par cette innovation.

L’innovation préserve l’environnement car les plantes médicinales proviennent d’un jardin botanique mis en place pour remédier à la disparition progressive du couvert végétale et des activités de reboisement sont menées chaque année par les membres de l’union qui possède chacun au minimum de fosses fumières pour leur champs.

Les techniques de gestion des ressources naturelles.

Faucardage des mares pour l’agriculture et le social présenté par Hamadou Oumarou, président de l’Union Dabari Sona et membre du CA de la Federation Mooriben/Niger.


hamadou oumarou, primé pour son innovation "le faucardage des mares".

PHOTO: MAÏMOUNA FANÉ (CCAFS)

Cette innovation consiste au faucardage des marres afin de les aérer et de faire la pisciculture ou la rizi-pisciculture.  

Au regard des conséquences liées à la prolifération des plantes aquatiques nuisibles notamment l’infestation des eaux,  l’obstruction des canaux d’irrigation, le développement des oiseaux granivores qui détruisent une part importante des récoltes, le faucardage est une solution bien adaptée.

En effet, l’abondance de plantes aquatiques est un phénomène surtout observé sur des cours d’eau très lents présentant un élargissement important du lit. La faible lame d’eau alors présente, favorise le réchauffement de l’eau, facteur important du développement de l’eutrophisation, le gabarit d'écoulement peut se trouver fortement encombré, en particulier par l’accumulation d’embâcles, ce qui favorise les inondations: c’est pourquoi la technique du faucardage est recommandée le plus souvent.

Cette technique se présente comme suite :

  • La première étape  consiste à couper la tige sans accéder à certains lieux profonds aux racines pivotantes qui se perdent dans une plaque argileuse, et en dessous de laquelle se cache le plan d’eau (plan d’eau disparu) qui n’arrivait pas à monter en surface;
  • Le faucardage proprement dit: consiste à couper en petits blocs les plaques qui reposent sur le plan d’eau, y compris les racines pivotantes des plantes. Cette étape permet aux plantes de ne plus régénérer.      
  • Les groupements de plantes aquatiques constituent une source de nourriture, des abris, de même que des supports de reproduction et de pontes pour certaines espèces de poissons. Tout comme la végétation des berges, les plantes aquatiques sont également des consommateurs de gaz carbonique, des producteurs d'oxygène et des fixateurs de nitrates. Une fois la marre faucardée on y fait l’élevage de poissons.

Cette innovation assure aux producteurs(trices) une résilience accrue face aux changements climatiques. En effet, elle a contribué au développement  des aptitudes des membres des comités de gestion des plans d’eau en leur permettant de comprendre les enjeux liés à la gestion des plans d’eau et les techniques de fabrication du compost mais aussi de mieux s’approprier des outils pour protéger durablement leurs plans d’eau par des actions de gestion des plantes aquatiques envahissante en empoissonnant davantage les mares afin d’approvisionner les banques céréalières (BC) et garantir ainsi une souveraineté alimentaire.

La valorisation des produits agro-sylvo-pastoraux  

Café niébé présenté par Fatou Seye, membre collectifs des femmes de l’union des groupements de Mekhe/Thies, Senegal.


Fatou seye recevant sa distinction pour son innovation sur le cafe niebe

photo: maimouna face (ccafs) 

C’est une innovation agroalimentaire collective conduite par des femmes qui consiste à utiliser de graines de niébé pour en faire du café.

La technique consiste à récolter les graines matures de niébé. Elles subiront ensuite une torréfaction. Ensuite les graines seront moulues et on y ajoutera du Diar. La dernière étape consiste à tamiser la poudre et la mettre dans des sachets plastiques pour être commercialiser. L’innovation permet de réduire les dépenses liées à l’utilisation du café et du lait et d’utiliser les vertus thérapeutiques pour soigner les maladies.

Institutions-communication et mécanisation agricole

Canne planteuse polyvalente (semence et engrais) présenté par Amevor kankoe Gagnon/ Groupe K.A.G Sarl/Directeur/ Lomé-Togo


amevor kankoe primé pour son innovation, la canne planteuse polyvalente

photo: maïmouna fané (ccafs)

Cette innovation s’inspire sur des principes fondamentaux des semis traditionnels se basant sur l’utilisation d’un bâton à bout pointu, d’une calebasse que contiennent les graines, du coupe-coupe et la fermeture du poquet par le talon ou le bout des orteils. Ce matériel nécessaire aux producteurs est un outil de semi et de dépendage d’engrais. Il sert pour le semis direct de diverses graines céréalières tels que le maïs, le sorgho, le riz, le gombo, etc. et le dépendage des engrais sur des hectares en un temps record et sur plusieurs types de sol cultivable pour réaliser des opérations telles que le creusage, la sélection des graines en nombres désiré, la mise en terre et la fermeture des poquets. 

Cette innovation présente de nombreux avantages : la modernisation des méthodes de semis, la réduction de l’effort physique par la possibilité de semer en position debout, le cout favorable à la bourse du paysan. Elle permet aussi un ensemencement facile sur les terrains argileux après la pluie et de mieux respecter les écartements recommandes au moyen d’un semis en ligne des semences et engrais. 

Maïmouna Fané est stagiaire en communication au programme CCAFS Afrique de l'Ouest. Sékou Touré est Chargé de communication au programme CCAFS Afrique de l'Ouest