Solutions intelligentes face au climat pour le Mali
Un atelier participatif réunit des représentants du Ministère, des Collectivités locales, des institutions de recherche, des ONG et des bailleurs de fonds au cours d’une première étape visant à prioriser les pratiques d’AIC au Mali.
Les décideurs maliens œuvrent en vue d’intégrer les changements climatiques dans la planification agricole et d’établir les priorités en matière d’investissements. Le Mali connaît déjà une pluviométrie irrégulière, qui se traduit par des années de sécheresse. Celles-ci deviennent de plus en plus fréquentes en raison des changements climatiques et menacent la productivité et la croissance agricoles. L’économie nationale est vulnérable, car 50 % du PIB proviennent du secteur agricole et vu que 75 % de la population vivent en milieu rural, le bien-être social est également menacé.
Afin d’atteindre les objectifs de sécurité alimentaire dans des conditions climatiques plus variables, des améliorations durables de la productivité agricole doivent être intégrées dans les politiques et stratégies de développement et de changements climatiques.
Le concept de l’Agriculture intelligente face au climat (AIC) découle de la nécessité d’apporter des solutions novatrices aux compromis complexes à faire entre l’accroissement des rendements, l’amélioration de la résilience et la promotion d’un secteur agricole à faibles émissions. Grâce à une approche intégrée du développement, l’AIC met l’accent sur les synergies entre la productivité, l’adaptation et l’atténuation, et les co-avantages d’ordre environnemental, social et économique tirés de l’adoption de différents pratiques, programmes et politiques agricoles.
L’un des défis liés à l’AIC tient à l’identification et à la promotion d’actions intelligentes face au climat en vue d’aider les décideurs à promouvoir un système agricole qui prenne en compte la variabilité et les changements climatiques à court et long terme. A cet égard, un processus de priorisation s’avère nécessaire afin d’identifier les pratiques d’AIC et d’évaluer leurs coûts et avantages du point de vue social, économique et environnemental.
Le Centre international pour l’agriculture tropicale (CIAT) et le Programme de recherche du CGIAR sur les changements climatiques, l’agriculture et la sécurité alimentaire (CCAFS) ont établi un partenariat avec les homologues nationaux en vue de mettre en place un cadre participatif à l’effet de prioriser les pratiques et programmes intelligents face aux changements climatiques. L’objectif consiste à orienter les décideurs aux niveaux national, régional et local vers les investissements intelligents face au climat dans l’agriculture. Ce processus est en train d’être expérimenté à l’heure actuelle au Guatemala et sera appliqué dans quatre pays en Asie et en Afrique en 2015.
Au Mali, un atelier s’est tenu du 18 au 19 novembre 2014 et a regroupé 30 participants représentant des ministères, des administrations locales, des institutions de recherche, des ONG et des bailleurs de fonds afin de prioriser 10 pratiques d’AIC. Les participants ont identifié les critères spécifiques liés aux zones géographiques vulnérables et aux systèmes de production qui présentent un intérêt pour la sécurité alimentaire. Ensuite, ils ont évalué une longue liste de pratiques pertinentes pour les domaines d’intérêt et retenu les plus prometteuses sur la base de critères. L’atelier a été coordonné par l’ONG locale Association malienne de sensibilisation sur le développement durable (AMEDD) qui travaille beaucoup sur les changements climatiques et qui est également un facilitateur pour la plateforme du dialogue national pour les changements climatiques, l’agriculture et la sécurité alimentaire.
Des pratiques ont été retenues tant pour la région du Sahel que la zone soudanienne. Dans la région sahélienne, il est important que toutes les pratiques sélectionnées respectent les règles de l’accès à la terre. Dans la zone soudanienne, les participants ont estimé que l’acceptabilité sociale était le critère le plus important (la haie vive a été éliminée de la liste parce qu’elle peut être considérée comme une appropriation du terrain au détriment du propriétaire traditionnel de la terre). Ce processus a conduit au choix de pratiques spécifiques pour différents domaines tels que la fixation des dunes dans la zone sahélienne, l’association sorgho-niébé pour la zone soudanienne et la construction de digues de contour dans la zone méridionale. Les obstacles à l’adoption des pratiques et les solutions potentielles ont été étudiés. Pour chaque pratique identifiée, les participants ont indiqué le type de programme, le changement organisationnel, le service ou les politiques à élaborer ou à renforcer afin de faciliter la mise en œuvre de la pratique.
Figure 1 : Les 3 zones géographiques vulnérables identifiées avant l’atelier par un groupe d’experts locaux dans lesquelles 10 à 15 pratiques intelligentes face au climat ont été priorisées. Source : USAID
Outre la priorisation des pratiques, l’atelier a constitué un forum pour l’échange de connaissances entre les participants et le renforcement des liens institutionnels autour des aspects relatifs aux changements climatiques et à l’agriculture.
Les institutions potentiellement intéressées par l’utilisation des résultats de cette priorisation en vue de financer ou de mettre en œuvre les programmes autour des pratiques d’AIC sont l’Union européenne, l’Ambassade de Suède, l’Assemblée régionale de Sikasso et des ONG telles que Sahel Eco et G-Coza qui ont toutes souligné l’utilité de l’atelier :
Nous sommes très intéressés par le processus et pouvons utiliser l’outil pour orienter nos futurs appels
"
a déclaré Sylvie Fontaine de l’Union européenne.
Un Fonds climat sera lancé l’année prochaine et financera des projets par le truchement d’ONG ou d’autres institutions. Ceci est une excellente opportunité de s’approprier le processus de priorisation de l’AIC
"
Robert Zougmoré, responsable régional du programme CCAFS, a expliqué que « la plateforme du dialogue national élaborée en 2012 est un cadre pertinent pour créer des synergies autour des processus d’AIC ». Il a également indiqué que le Mali est l’un des premiers pays à expérimenter le processus d’AIC et a l’occasion d’être un pionnier dans ce domaine.
La prochaine étape du processus de priorisation est une analyse coût-avantages pour chacune des pratiques priorisées pendant le premier atelier. Elle sera une contribution pour un deuxième atelier au cours duquel les portefeuilles d’investissements dans l’AIC sur la base des options les plus prometteuses d’AIC seront élaborées. Les utilisateurs potentiels continueront de participer aux phases suivantes du processus afin d’assurer un impact efficace dans la prise de décision agricole aux niveaux national et local.
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Pour toutes questions concernant le projet au Mali, prière de contacter :
Fanny Howland (CIAT), f.c.howland@cgiar.org
Pour les questions d’ordre général concernant le cadre de priorisation et les projets à l’échelle mondiale, contacter : Caitlin Corner-Dolloff (CIAT), c.corner-dolloff@cgiar.org
Lire davantage au sujet du Cadre de priorisation de l’AIC : Creating a 'learning center' for agricultural development in Guatemala
Fanny Howland est Associée de recherche au Centre international pour l’agriculture tropicale (CIAT).
Nadine Andrieu est Chercheuse au Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement international (CIRAD), France.
Les histoires ont été éditées par José Urrea, Chargé de communication du CCAFS pour l’Amérique latine.