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Une nouvelle plateforme lancée au Mali aidera les chercheurs, les autorités traditionnelles et les organisations à partager les nouvelles connaissances, les outils et les leçons apprises sur le climat pour un pays plus résilient au climat.

Un vaste projet d’échange sur la politique scientifique bat son plein à l’heure actuelle et a lancé récemment la première de ses trois plateformes au niveau du district pour les chercheurs, les prestataires de services et les chefs de villages traditionnels et les autorités au Mali.

La plateforme, appelée officiellement "Jèkafo Blomba" qui signifie "Plateforme de dialogue" dans le dialecte régional Bambara, est un lieu de rencontre pour le partage de connaissances où les principales parties prenantes se retrouveront tous les trois mois pour partager les nouvelles idées sur le climat et l’agriculture.

Une nouvelle plateforme

Les participants seront en mesure de discuter des questions liées à la sécurité alimentaire, notamment la chaîne de valeur alimentaire et les problèmes de transformation, comment développer et améliorer les marchés dans la région, et rechercher les voies et moyens de créer de manière réussie des systèmes alimentaires résilients au climat.

L’objectif global consiste à faire des changements climatiques une question essentielle de la politique de sécurité alimentaire au niveau du district tout en présentant les solutions éventuelles et les prochaines étapes, par exemple en utilisant des pratiques et technologies agricoles intelligentes face au climat.

Par ailleurs, l’objectif consiste en partie à renforcer également les capacités des participants afin de mieux s’attaquer aux changements climatiques à différents niveaux – depuis la communauté locale jusqu’à la prise de décision au niveau national.

A ce niveau, l’accent sera mis essentiellement sur la présentation de la recherche axée sur le CGIAR autour des pratiques et techniques de l’agriculture intelligente face au climat qui, espère-t-on, seront intégrées dans les documents de la politique alimentaire au niveau du district et les activités mises en œuvre au sein des communautés locales.

La plateforme au niveau du district nouvellement lancée a été créée par les membres de la Plateforme nationale de la politique scientifique et est gérée et coordonnée par l’association paysanne « Mobiom », également appelée Mouvement bio du Mali. C’est le produit de l’Institut international de recherche sur les cultures pour les zones tropicales semi-arides (ICRISAT), qui fait partie du nouveau programme phare du Programme de recherche sur les changements climatiques, l’agriculture et la sécurité alimentaire (CCAFS) du CGIAR  sur les « Institutions et politiques pour les systèmes alimentaires résilients au climat » qui sera lancé officiellement au début de 2015.

Ces plateformes mettent à profit les activités antérieures effectuées par CCAFS Afrique de l’Ouest, qui a lancé une plateforme nationale de partage du savoir dans chacun des trois pays cibles  - Sénégal, Mali et Ghana - en 2012, et travaille avec les décideurs nationaux. De même, trois plateformes au niveau du district ont déjà été créées au Ghana et au Sénégal.

Pour en savoir plus: Jeter les bases du partage de l’information et du savoir sur l’adaptation aux changements climatiques

Sujets chauds sur la table

Le projet d’échange en matière de recherche sur les politiques de l’ICRISAT est en cours depuis une année déjà, et avec le lancement récent au Mali, tous les pays du projet ont un lieu où les principales parties prenantes peuvent se réunir.

Au Mali, un large éventail de partenaires s’est joint aux activités, notamment les autorités traditionnelles, des chercheurs et des professeurs des universités nationales, des prestataires de services techniques tels que l’Union régionale des sociétés coopératives de producteurs de lait, une coopérative de transformation et de commercialisation des produits agricoles, les organisations à base paysanne et les organisations à la base.

La plateforme a déjà attiré 30 membres et représentants qui sont tous désireux de se réunir et de discuter des changements climatiques et de la sécurité alimentaire.

Selon Edmond Totin, chercheur à l’ICRISAT et gestionnaire du projet appelé officiellement "renforcement des capacités des plateformes d’échange sur la politique scientifique en vue d’intégrer les changements climatiques dans les plans nationaux de la politique agricole et de sécurité alimentaire", les autorités traditionnelles ont été retenues pour faire partie des plateformes, car parfois "elles disposent d’un solide pouvoir informel pour organiser les événements par rapport aux responsables formels tels que les responsables régionaux, ce qui confère toute sa pertinence à la collaboration avec elles par le truchement de ces plateformes au niveau du district."

Mamadou Cissé, Président de l’Union régionale des sociétés coopératives de producteurs de lait a été attiré par les potentialités qu’offre la plateforme très tôt pendant le projet. Pendant le lancement de la plateforme, il a fait la déclaration suivante :

"Jèkafo Blomba nous donnera l’occasion d’avoir des échanges avec différentes personnes travaillant dans d’autres secteurs, ce qui nous aidera certainement à réduire les conflits entre, par exemple, les agriculteurs et les éleveurs."

"La plateforme nous permettra de rencontrer les techniciens et chercheurs et de discuter directement de nos préoccupations et de la manière de collaborer pour trouver des solutions aux nombreux problèmes liés aux changements climatiques auxquels nous sommes confrontés. J’espère que vous comprenez pourquoi je pense qu’avec cette plateforme, les choses ne seront jamais plus les mêmes !"

Fatoumata Doumbia, représentante de CoFProSo-Trans Association de Bougouni participe à la transformation agroalimentaire dans la région et est décidée à veiller à ce que les problèmes et questions de genre soient une préoccupation majeure pour la plateforme.

"En ce qui me concerne, les changements climatiques et la production alimentaire ne constituent pas un problème pour les hommes uniquement. Les femmes sont également concernées et cette plateforme nous donnera l’occasion de dire à d’autres personnes à quel point les femmes souffrent à travers la région. Nul doute que d’autres femmes se joindront à ce mouvement pour attirer l’attention sur leurs problèmes de manière qu’ensemble nous puissions rechercher des solutions plus appropriées sur le plan du genre."

"Pour moi, cette plateforme nous offre également des opportunités de rencontrer d’autres personnes qui s’intéressent aux produits de la coopérative et de travailler avec les fournisseurs, ce qui est réellement important également."

Dans un prochain avenir, le projet mettra l’accent sur l’identification des parties prenantes qui souhaiteraient participer à d’autres plateformes et ensemble avec les membres du groupe, ils étudieront les déficits de connaissances et définiront les priorités en matière de recherche supplémentaire sur le climat.

Ce projet, qui durera jusqu’en 2017, fera en sorte que ces plateformes deviennent les plateformes numéro un de l’échange de politiques pour les sciences au niveau du district dans les pays respectifs, constituant l’épine dorsale d’une approche verticale et ascendante afin de mieux outiller les différents pays dans la lutte contre les changements climatiques et de créer des systèmes alimentaires meilleurs.

How do innovation platforms change how things are done? Image from presentation by Peter Ballantyne (ILRI)

Watch video from climate-smart agriculture workshop in Ghana from the ICRISAT-led project

Ecrit par Edmond Totin, chercheur à l’ICRISAT et Cecilia Schubert, Communicateur, CCAFS Flagship 4.