Des visites commentées aux villages climato-intelligents du site de Cinzana préparent les agriculteurs à un meilleur avenir agricole
Les visites commentées sur des sites de démonstration dans les CSVs servent à améliorer les connaissances des petits producteurs agricoles et leur permettent de comprendre des pratiques climato-intelligentes appropriées à leurs réalités.
Pour assurer un avenir agricole et alimentaire plus sûr, le Programme de Recherche du CGIAR sur le Changement Climatique, l’Agriculture et la Sécurité Alimentaire (CCAFS) s’est assigné le rôle d'accroître la capacité des individus, notamment celle des agriculteurs afin qu’ils soient en mesure de faire face aux menaces de l’insécurité alimentaire face au changement climatique.
Les agriculteurs peuvent adopter des mesures pratiques afin d'adapter leurs pratiques agricoles pour assurer un approvisionnement alimentaire et des moyens de subsistance fiables. Ils peuvent faire cela tout en réduisant les émissions de gaz à effet de serre ou en augmentant la séquestration du carbone, réduisant ainsi la pression climatique. CCAFS vise, entre autres, ces objectifs, avec l'implémentation de son approche Villages Climato-Intelligents (CSV).
A Cinzana, dans la région de Ségou, la saison pluvieuse tire vers sa fin. Les champs de mil, de sorgho, de niébé, fonio et sésame etc. s’étalent à perte de vue dans les villages climato-intelligents de Ngakoro et Tongo. Parmi ces champs l’on peut identifier un destiné à la démonstration de pratiques améliorées et technologies agricoles climato-intelligentes.
En cette fin de période d’hivernage, l’Institut d’Economie Rurale (IER) partenaire stratégique du programme CCAFS sur l’approche Villages Climato-Intelligents, a organisé des sessions de visites commentées de ces dispositifs, champs de démonstration.
Pour la circonstance, les producteurs des villages environnants d’un rayon de 0-10 km de chaque CSV ont rejoint ceux des villages de Ngakoro et Tongo pour constater l’efficacité des technologies climato-intelligentes mises en pratique sur ces parcelles de démonstration.
Ce rendez-vous consacré aux échanges et apprentissage entre acteurs d’une part, le renforcement des capacités à la base d’autre part. Ces visites commentées sont; non seulement; de bonnes opportunités pour la communauté agricultrice de ces localités d’apprendre, comprendre et d’analyser leurs pratiques afin de constater leur efficience ; mais aussi ; de nouvelles pratiques efficaces face aux réalités climatiques de la localité.
Une serie d’options testées
A Ngakoro et Tongo, durant deux jours, un groupe de 105 agriculteurs dont 46 femmes a observé et comparé plusieurs options et technologies d’agriculture intelligente face au climat sur les cultures pluviales et les cultures maraichères par l’introduction de nouvelles variétés maraichères d’hivernage de piment, oignon, tomate, amarante, aubergine et gombo. Ces tests expérimentaux permettent aux agriculteurs impliqués d’assimiler des techniques d’agriculture intelligente face au climat (AIC) qui, pour certains, étaient inconnues ou connues mais très mal pratiquées. La technologie de microdose, d’aménagement en courbe de niveau suivi du labour en billons avec diguettes de ceinture, cultures maraîchères sur planches surélevées étaient de grands inconnus de plusieurs participants à la visite commentée des parcelles de démonstration.
Séance d'explications données par le chercheur de l'IER aux producteurs agricoles venus assister à la visite commentée. Photo: Dansira Dembélé
L’occasion a permis de jauger l’état d’évolution des cultures. À la fin de la visite, le chercheur à l’IER en charge des champs demonstration et ses collègues de la recherche ont convié les participants à des interviews individuels et focus groupe afin d’évaluer les tests visités et planifier les activités à venir.
Sitafa Coulibaly, agriculteur local s'est montré satisfait de l'experience partagée. Lors des interviews individuels, il a affirmé : "L'utilisation efficiente et rationnelle de fertilisants, de semences précoces et le labour en billons en courbes de niveaux pour une meilleure rétention d'eau sont des pratiques climato-intelligentes que nous adopterons lors des campagnes agricoles prochaines".
Un cadre d’échanges et d'expression privilégié
Cet exercice a été le cadre approprié de placer - côte à côte - pratiques locales et climato-intelligentes. Il a offert aux agriculteurs, majoritairement victimes des effets néfastes du changement climatique, l’opportunité de voir et d’adopter des techniques souvent nouvelles pour eux. Il s’est aussi agi pour eux ou de bien mieux cerner la bonne utilisation de celles déjà connues. Ainsi l’utilité de l’aménagement en courbe de niveau, de la microdose, des variétés améliorées de mil, de sorgho de niébé, de piment, d’oignon, de tomate, d’amarante, d’aubergine et de gombo ont été discutés. Un partenariat utile avec le Centre Mondial de Recherche et Production Maraîchère (AVRDC)
Mayama Yatoura, productrice maraîchère témoigne : " Cette expérience a été très bénéfique pour moi. Avant ces visites, je n'avais aucune connaissaince de l'existence de l'amarante qui est un légume très utile autant sur le plan nutritionnel que pour sa valeur marchande. De plus, J'ai été impressionnée par la variété de tomate cutilivée"
Mayama Yatoura, productrice maraîchère. Photo: Dansira Dembélé
Les visites commentées de ce genre offrent un cadre idéal aux agriculteurs pour échanger sur la gestion de la fertilité du sol, de la conservation de l’eau, les questions de qualité des semences et protection des cultures.
Ce faisant, cette activité de visite commentée encourage les producteurs agricoles à expérimenter les techniques qui les ont été présentées et augmentant ainsi la probabilité que les agriculteurs finiront par adopter lesdites pratiques climato-intelligentes. En plus de renforcer les capacités des producteurs locaux, leurs moyens de subsistance sont aussi améliorés.
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Dansira Dembélé est chargée de la communication à CCAFS Afrique de l'Ouest
Siaka Dembélé est chercheur à l'Institut d'Economie Rurale du Mali