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Du 8 au 10 octobre, le programme CCAFS a co-organisé la 5 ème Conférence scientifique mondiale sur l'agriculture intelligente face au climat, à Bali. Les messages clés de la conférence sont à lire ici.

La 5ème Conférence scientifique mondiale sur l'agriculture intelligente face au climat (AIC) a réuni 410 participants issus de plus de 200 institutions, basés dans plus de 60 pays afin de favoriser des partenariats d'action pour une transformation des systèmes alimentaires mondiaux dans un climat en mutation. La conférence comprenait des participants d'institutions de recherche, de gouvernements, du secteur privé et de la société civile. Depuis la première conférence scientifique mondiale sur l’AIC, qui s'est tenue à Wageningen en 2011, ces conférences sont devenues les lieux de rencontre par excellence pour faire avancer la science qui sous-tend la mise en œuvre de l’AIC.

Pour cette cinquième édition, organisée par le Centre australien pour la recherche agricole internationale (ACIAR), le programme de recherche du CGIAR sur le Changement Climatique, l'Agriculture et la Sécurité Alimentaire (CCAFS), le ministère de l'Agriculture de l'Indonésie et le ministère de l'Agriculture, de la Nature et de la Qualité des aliments des Pays-Bas, la conférence avait pour thème "Transformer les systèmes alimentaires dans un climat en mutation". Les principaux messages pour l’avancement vers la mise en œuvre de l’AIC et une transformation des systèmes alimentaires sont les suivants:

  1. Des partenariats innovants doivent être instaurés

Bien que le partenariat ait été évoqué comme étant un élément clé du discours sur l’AIC et que la conférence ait mis un accent particulier sur la création de partenariats orientés vers l'action, la leçon essentielle à tirer est qu'il nous faut davantage de partenariats innovants. Différents groupes de d’intervenants dans le domaine de l’AIC (la recherche, l’investissement, les décisions politiques) se sentent à l'aise dans leurs propres communautés. A l’inverse, ils se sentent inconfortables pour dialoguer avec d'autres groupes de parties prenantes au vu des différences de domaines. Ce fossé entre différents groupes de parties prenantes doit être réduit et des partenariats inhabituels doivent être instaurés. Par exemple, lors des discussions sur des financements innovants visant à mobiliser les investissements des secteurs public et privé, des acteurs clés appartenant à différentes parties du système financier, notamment la Rabobank, la Banque Mondiale, le Fonds international de développement agricole (FIDA), le CCAFS, le Gouvernement indonésien, l’Initiative pour le Commerce durable (IDH) et la Control Union ont partagé leurs expériences, ajoutées aux meilleures pratiques du Centre International d'Agriculture Tropicale (CIAT) et de la SNV, pour élaborer un programme d'action visant à accroître les investissements pour l'AIC en Indonésie.

2. Ne pas se limiter qu’à la production agricole

La conférence avait explicitement mis l'accent sur les points se situant au-delà de la production agricole, et a considéré le lancement du document de recherche intitulé «Changing diets and transforming food systems (Changer les régimes alimentaires et transformer les systèmes alimentaires)» dans le cadre de l’initiative Transforming Food Systems Under a Changing Climate.

Les discussions autour du remodelage des chaînes d'approvisionnement, de la vente au détail des produits alimentaires, du marketing et des achats, menées par les universités d'Oxford et du Queensland, ont permis d'identifier les principales lacunes en matière de recherche dans ce domaine, notamment le besoin d'informations sur les liens entre les systèmes alimentaires, les coûts ainsi qu'une analyse exhaustive des opportunités et des risques liés au remodelage des chaînes d'approvisionnement.

Joignant le geste à la parole sur la discussion sur les types d’alimentation, les participants à la conférence ont expérimenté trois types d’alimentation : a) avec de la viande rouge, b) sans viande rouge et c) avec des substituts de viande. Cette expérience a permis de mieux comprendre en quoi un changement de régime alimentaire peut contribuer à transformer les systèmes alimentaires. Vous pouvez en savoir plus sur les déjeuners climato-intelligents dans ce blog (en anglais).

3. Communiquer efficacement et ne pas se dérober face aux controverses

La science doit être communiquée le plus efficacement possible afin de susciter des actions de transformation. Aussi, les chercheurs ne doivent pas éviter les sujets à controverse.

La conférence a présenté des approches novatrices pour faire avancer les discussions sur des sujets à controverse, dans le style du concept du BBC HARDtalk, des débats à la Chambre des Communes, des speedtalks et des panels d'experts intitulés Big Facts

4. La transformation nécessite à la fois du leadership et des leviers

Les changements transformateurs ne se produiront que s'il existe un leadership permettant de conduire le changement et des leviers à partir desquels les dirigeants peuvent catalyser le changement. Nous avons identifié six leviers clés comme thèmes de la conférence, ainsi que des leaders pour mener des actions dans les domaines suivants:

  • L'autonomisation des organisations d'agriculteurs et de consommateurs, des femmes et des jeunes (ACIAR, WISAT, Global Resilience Partnership (GRP))
  • Des services d’information climatiques digitaux (l'Institut international de Recherche sur les Cultures des Zones Tropicales Semi-Arides (ICRISAT), Olam)
  • Des pratiques et technologies résilientes au changement climatique et à faibles émissions de GES (l'Organisation pour la Recherche Scientifique et Industrielle du Commonwealth (CSIRO))
  • Des financements innovants pour mobiliser les investissements dans les secteurs public et privé (Bureau exécutif du président indonésien, CCAFS)
  • Le remodelage des chaînes d'approvisionnement, la vente au détail de produits alimentaires, la commercialisation et l'approvisionnement (l'Université d'Oxford, l'Université du Queensland, CCAFS)
  • La favorisation des politiques et institutions (Institut international de recherche sur les politiques alimentaires (IFPRI), World Bank)

5. Aller au-delà des approches habituelles 

Les approches habituelles ne suffiront pas. Cela s'applique non seulement aux pratiques commerciales, mais également aux modèles de recherche, aux praticiens du développement et aux organisations de la société civile. Un appel a été lancé à l’ensemble de la communauté de l’AIC pour qu’elle aille au-delà de ses activités habituelles pour l’obtention de résultats transformateurs. Par les actions prometteuses identifiées il faut noter notamment la révision des Contributions Nationales Déterminées qui visent à nourrir les engagements nationaux et mondiaux, en utilisant des rétributions basées sur les résultats (par exemple AgResults), de nouveaux modèles de recherche (par exemple, «Evidence for Resilient Agriculture») qui corrigent le «chainon manquant» dans la mise en œuvre des politiques visant à s'attaquer au problème du déficit dans la mise en œuvre (par exemple: les actions AIC au niveau national au Kenya) et de la digitalisation de l’agriculture (par exemple: Olam Farmer Information System).

En savoir plus

Dhanush Dinesh est le responsable de la politique au niveau globale pour le programme CCAFS.