Nouvelles

Établir des liens pour la mise en œuvre des Contributions déterminées au niveau national dans le secteur agricole

Agriculteur au Niger, l'un des pays représentés à l'atelier. Photo: Neil Palmer (CIAT)

La réalisation des Contributions déterminées au niveau national dans le secteur agricole nécessitera la participation d’autres acteurs que les seuls agriculteurs.

Dans le cadre de l’Accord de Paris, les pays signataires se sont engagés à réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) en fonction de leurs réalités respectives. La réduction des émissions sera le fait de plusieurs secteurs dont l’agriculture. Nombre de Contributions déterminées au niveau national (CDN) prévoient également des mesures d’adaptation.

Un atelier de formation sur la mise en œuvre des CDN dans le secteur agricole s’est tenu début octobre à Dakar (Sénégal) afin d’aider les pays à planifier les prochaines étapes. Organisé dans le cadre du programme de l’Agence de planification et de coordination du Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD), financée par la Deutsche Gesellschaft für Internationale Zusammenarbeit (GIZ), l’atelier a été animé par le Programme de recherche du CGIAR sur le changement climatique, l’agriculture et la sécurité alimentaire (CCAFS) et a enregistré la participation de chercheurs du CGIAR et d’experts d’institutions nationales intervenant dans le domaine du changement climatique.

Le personnel national des Ministères de l’agriculture, du plan, des finances et de l’environnement s’est réuni pour analyser le paysage du financement climatique pour l’agriculture, la participation du secteur privé, les outils de définition des priorités et la résolution des problèmes liés à la mesure, à la déclaration et à la vérification (MDV) des GES. Le Bénin, le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, le Mali, le Niger, le Sénégal et le Togo étaient tous représentés et l’atelier s’est déroulé en français.

Dr Mathieu Ouédraogo, membre de l’équipe de CCAFS Afrique de l’Ouest, expliquant le processus de création et l’importance des profils pays de l’agriculture intelligente face au climat à un petit groupe pendant un atelier de travail sur les outils de définition des priorités. Photo : L. Cramer (CCAFS)

L’importance des mécanismes de coordination au sein des gouvernements est clairement ressortie au cours de l’atelier. L’élaboration et la mise en œuvre des CDN nécessitent la participation de plusieurs acteurs, y compris, sans s’y limiter, les fournisseurs d’intrants, les entreprises agroalimentaires, les institutions financières, les instituts de recherche agricole, la société civile et les acteurs du secteur public. L’existence d’un cadre institutionnel formel pour l’action contre le changement climatique dans chaque pays a été citée comme l’un des principaux mécanismes permettant de relever le défi de la coordination. Les plateformes de dialogue science-politique mises en place dans les pays d’intervention du CCAFS, par exemple le Sénégal, en sont des exemples probants.

Les participants à l’atelier ont également partagé d’autres enseignements qu’ils ont tirés des expériences de leurs pays respectifs dans le but d’apprendre les uns des autres. La volonté politique est indispensable pour atteindre les objectifs fixés, et la nécessité d’un processus participatif pour l’implication de l’ensemble des parties prenantes a été citée comme un autre enseignement majeur. Bien que nous ayons l’habitude de travailler dans nos domaines sectoriels étroits, pour atteindre les objectifs des CDN, il est nécessaire d’aller au-delà des frontières pour assurer la participation des chercheurs et des ministères des finances, notamment.

L’appui d’institutions régionales ouest-africaines telles que la Communauté économique de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et le Comité permanent inter-États de lutte contre la sécheresse dans le Sahel (CILSS), a également été jugé essentiel pour la mise en œuvre réussie des CDN des différents pays. Les institutions régionales devraient créer des conditions plus propices au dialogue et favoriser l’échange d’expériences.

En dépit des difficultés rencontrées, notamment en ce qui concerne la disponibilité et la fiabilité des données pour les inventaires de GES, les participants sont rentrés chez eux avec un sentiment d’optimisme quant à la mise en œuvre des CDN dans le secteur agricole. Forts d’une meilleure compréhension du paysage du financement climatique, des possibilités pour une agriculture intelligente face au climat et de la connaissance de plusieurs outils d’établissement de priorités, ils sont mieux outillés pour relever les défis à venir.

Photo de groupe des participants. Photo : S. Partey (CCAFS). Davantage de photos sont disponibles sur Flickr.

Laura Cramer est la Responsable scientifique du Programme phare du CCAFS sur les priorités et politiques pour l’AIC. Robert Zougmoré est le Coordinateur régional du CCAFS pour l’Afrique de l’Ouest. Jacques André Ndione travaille au Centre de suivi écologique du Sénégal.