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Transformer l’agriculture Africaine dans le contexte du changement climatique grâce aux échanges Sud-Sud

Des participantes à l'atelier d'échanges entre projets ASAP discutent au sujet d'un exercice sur le genre. Photo : Dansira Dembélé, CCAFS

Qu‎’y a-t-il de commun entre le Bénin, le Cap Vert, Djibouti, Madagascar, le Mali, la Mauritanie, le Niger et le Tchad ? 

Qu‎’y a-t-il de commun entre le Bénin, le Cap Vert, Djibouti, Madagascar, le Mali, la Mauritanie, le Niger et le Tchad ? Lorsque l’on pense à la résilience et à l’agriculture durable telles que promues par le Programme d’Adaptation de l’Agriculture Paysanne (ASAP) du Fonds International de Développement Agricole (FIDA), la diversité de ces pays s’efface, comme l’a révélé l’échange Sud-Sud organisé récemment par le FIDA et le programme sur le Changement Climatique, l’Agriculture et la Sécurité Alimentaire (CCAFS) du CGIAR. L’échange a réuni des cadres de huit projets du FIDA cofinancés par l’ASAP pour l’amélioration de la résilience dans ces huit pays, chacun de ces projets étant à un stade différente de sa mise en œuvre (du démarrage à l’achèvement).

Au cours des 5 jours de l’échange, différentes sessions ont eu lieu, depuis des présentations techniques sur l’agriculture intelligente face au climat ou l’information climatique, jusqu’aux débats animés sur des défis de mise en œuvre. Une journée entière a été réservée pour discuter, sensibiliser et se former sur les aspects liés au genre, et les participants ont passé une journée et demi à Bougouni, pour visiter et apprendre de l’expérience du don ASAP du Projet d’Accroissement de la Productivité Agricole au Mali (PAPAM).

Tout au long de la semaine, les discussions ont été animées, riches et parfois passionnées, les participants étant avides de partager leur expérience, de demander des conseils et de comparer leurs projets. Comme l’a dit l’un des participants : « être réunis ainsi nous donne véritablement la possibilité de voir que nous ne sommes pas seuls ! Parfois, les autres ont des solutions idéales à des problèmes qui nous bloquent totalement ». Lors de la première session, chaque équipe a présenté son projet, et les participants étaient légèrement sceptiques face à la diversité des contextes de mise en œuvre. Après que l’équipe du Niger ait expliqué ses actions pour la récupération des terres dégradées, que celle du Mali ait présenté les succès du biogaz, que celle du Bénin ait exposé le défi de la réduction de l’utilisation des intrants chimiques dangereux dans la production maraichère, et que celle de Djibouti ait partagé son expérience de protection des récifs coralliens, l’un des participants a eu ces mots : « le récif corallien est comme l’arbre et la forêt. Si vous coupez l’arbre, si vous éliminez la forêt, les animaux ne viennent plus, l’écosystème s’effondre » lançant ainsi une discussion sur l’importance de la conservation de l’écosystème pour garantir une production durable dans le contexte du changement climatique. Ces échanges ont laissé place à l’évocation de problématiques centrales dans la vie des projets : la complexité du suivi-évaluation ; la question de la prise en compte transversale non seulement du genre, mais aussi des questions environnementales, climatiques et de nutrition, et les outils à utiliser pour la permettre ; la problématique de la sauvegarde environnementale et la question des attentes du FIDA pour sa mise en œuvre ; mais aussi et surtout, le défi de la durabilité.

Le deuxième jour de l’atelier s’est concentré sur des échanges et réflexions sur le genre, en s’ouvrant sur une présentation du Dr Mathieu Ouedraogo sur l’expérience du CCAFS en termes d’intégration des questions de genre dans les projets en Afrique de l’Ouest. Le reste de la journée a permis aux participants de devenir acteur de la réflexion à travers des sessions pratiques, des exercices et des débats sur les aspects liés au genre, animés par Emily Janoch de Care International.

Le troisième jour de l’atelier, les participants se sont déplacés à Bougouni, à 150 km au Sud de Bamako, pour trois visites de terrain illustrant l’expérience de l’ASAP/PAPAM : une sur le biogaz, la seconde montrant comment la planification participative et l’implication des autorités locales ont permis d’installer un jardin maraicher géré par des femmes et équipé de pompage solaire, et la dernière présentant comment l’accès au marché a pu être amélioré par la décision collective de construire un pont permettant de relier zones de production et de commercialisation. Les participants ont été particulièrement impressionnés par les biodigesteurs, une technologie qui, au-delà d’ajouter de la valeur à la fumure organique en améliorant son pouvoir fertilisant, a joué un rôle-clé dans l’autonomisation des femmes. Grâce au biogaz, le temps requis pour la préparation des repas et le nettoyage des marmites a pu être réduit drastiquement, la préparation des repas est plus sûre et plus facile, et les femmes passent moins de temps à ramasser le bois de chauffe. Elles ont plus de temps pour elles-mêmes et pour s’occuper des enfants, et la communauté est parvenue à réduire son impact sur les ressources forestières. Les participants à l’atelier ont posé de nombreuses questions sur les aspects techniques, chacun étant désireux d’identifier comment l’expérience pourrait être répliquée dans son pays.

Le dernier jour de l’atelier, les projets ont fait équipe pour des présentations thématiques sur : la durabilité des investissements et l’engagement des acteurs au niveau local ; la mise à l’échelle à travers les politiques nationales ; les défis à relever lors du démarrage des projets ; et l’intégration des aspects transversaux tels que le genre, la nutrition et le climat dans la mise en œuvre des projets. L’échange a aussi constitué une ouverture importante pour l’engagement des partenaires scientifiques, avec l’apport de l’expertise du CGIAR et des partenaires de recherche nationaux en termes de résolution de problématiques de mise en œuvre, pour un engagement plus en profondeur des partenaires scientifiques. L’échange a permis la création et l’identification d’une communauté de pratique, représentée par les équipes de projets. Tous reconnaissent la nécessité d’intensifier les échanges entre collègues francophones, afin de pouvoir se connecter à d’autres acteurs du développement qui eux aussi sont confrontés au défi de l’intégration du climat et de l’environnement dans leurs projets.

  • Pour en savoir plus sur la collaboration CCAFS - IFAD - ASAP lisez ce blog 
  • Lisez le focus sur le genre lors de l'atelier

Maëlle Peltier travaille pour le FIDA.