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Un avenir climatique et agricole sûr en Afrique de l’Ouest passe aussi par l’apprentissage

Des producteurs avec les capacités renforcées dans plusieurs domaines font de meilleurs rendements. Photo: D. Kadyampakeni

La journée du 22 avril est dédiée à la Terre.  Cette date marque un événement environnemental populaire.  Le thème de la campagne de cette année 2017 est «L'environnement et l'éducation aux changements climatiques». Au niveau du Programme  CCAFS, l’apprentissage en lien avec le climat est le moteur vers l'avancement et l’amélioration des pratiques, des lois et des politiques environnementales et climatiques, mais aussi pour l'accélération de l’adoption de technologies agricoles climato-intelligentes  et innovantes. 

Le programme de recherche du CGIAR sur le Changement Climatique, l’Agriculture et la Sécurité Alimentaire (CCAFS) s'attaque au triple défi de la sécurité alimentaire, de l'adaptation aux effets du changement climatique et de l'atténuation de ce dernier. Pour relever ces défis, le CCAFS s’est investi dans la recherche participative agricole pour le développement en vue d’accompagner une mise en œuvre réussie de l’agriculture intelligente face au climat (AIC) par les différents acteurs à tous les niveaux d’échelle. Cela s’est concrétisé notamment par :

Des producteurs agricoles aguerris

Au niveau communautaire, l’éducation, le renforcement de capacités sont  incontournables pour la dissémination des activités menées par CCAFS.

A Tibtenga, site de village climato-intelligent (CSV) dans la région du Yatenga au nord du Burkina Faso, plusieurs producteurs améliorent leurs activités agricoles grâce à des connaissances générées et prodiguées par CCAFS à travers son approche CSV AR4D. Cette approche CSV procède par des tests de démonstration à travers des champs Ecole Paysans pour renforcer les capacités des producteurs en pratiques et techniques AIC.

Session d'échange avec des producteurs agricoles. Photo: Thor Windham-Wright

Dans le cadre de la mise en œuvre de l’approche CSV, les communautés ont bénéficié d’un processus d’apprentissage à travers lequel elles ont été outillées à analyser leur situation de vulnérabilité et à identifier et planifier des actions et stratégies d’adaptation.

Salam Belem producteur agricole dans le CSV de Tibtenga renseigne: 

«Auparavant nous mettions en œuvre des stratégies locales vis-à-vis des variabilités climatiques mais nous n’avions pas les capacités nécessaires pour évaluer leur efficacité et d’identifier des stratégies alternatives»

L’utilisation d’une telle approche améliore la compréhension des implications du changement climatique sur les conditions de vie et les moyens d’existence des populations des sites d’intervention. Toute chose qui pourrait les aguerrir dans l’essayage de technologies et bonnes pratiques d’adaptation et d’atténuation au changement climatique afin d’améliorer leurs conditions de vie. 

«Avec ce que nous avons appris comme techniques d’agriculture intelligente, nous produisons plus et mieux, malgré de forts risques climatiques

informe Seydou Coulibaly, producteur agricole Malien du CSV de Cinzana. 

Des organisations paysannes plus fortes

Au niveau régional, un partenariat fécond scellé avec l'une des principales organisations régionales de producteurs est le Réseau des Organisations Paysannes  et de Producteurs Agricoles d'Afrique de l'Ouest (ROPPA) qui permet de tracer la voie vers un meilleur avenir en matière de sécurité alimentaire dans la sous-région. Collaborer avec une telle organisation pour capaciter les agriculteurs et leur plateformes nationales à élaborer des scenarios et stratégies pouvant amoindrir l’impact des changements climatiques sur leurs activités est le but recherché par CCAFS dans la région. Pour atteindre ce but, plusieurs sessions d’apprentissages telles que les Universités Paysannes ont été initiées par le ROPPA avec la contribution du programme CCAFS Afrique de l’Ouest.

Ces rencontres ont donné l’occasion aux organisations d’agriculteurs d’acquérir et consolider des connaissances ; sur le changement climatique; les pratiques d’agriculture intelligente face au climat et l’utilisation des services d’information climatique. Les informations scientifiques générées par le CCAFS ont également aidé le ROPPA à définir son agenda en matière de changement climatique.

Des producteurs habilités à prendre des décisions bien informées par la science

Au niveau technique, des ateliers de renforcement de capacités ont été organisés au Sénégal, au Burkina Faso, au Mali, au Niger et au Ghana dans les différentes zones de projets dans le but de sensibiliser les parties prenantes locales sur l’importance de l’utilisation de l’information climatique dans la prise de décision en plus de les  familiariser avec les prévisions météorologiques et le jargon utilisé par les météorologues.

Le CCAFS en collaboration avec les services nationaux et sous régionaux de météorologie (ANACIM, Mali Météo, Burkina Météo, Météo Niger, Ghana Met, AGRHYMET, etc.) interviennent pour faciliter la fourniture des données/ informations climatiques et météorologiques. Plusieurs sessions d’information et de formation sur l’utilisation de l’information climatique ont permis et continuent de permettre à plus d’un agriculteur de prendre des décisions éclairées en fonction des informations précises, spécifiques à la localisation, au climat et à la météo.

Grâce à ce partage de connaissances, les utilisateurs ont accès à des données scientifiques plus fiables et ne se basent plus uniquement sur les connaissances autochtones, devenues moins fiables au regard des incertitudes dues au changement climatique. 

Une spécialiste de la météo donne des explications sur les prévisions météorologiques à des producteurs. Photo: James Hansen 

Ousmane Tiall, agriculteur sénégalais basé dans la région de Kaffrine a  bénéficié, à travers CCAFS, d’une formation sur l’approche participative des services climatiques intégrés pour l'agriculture (PICSA). Il informe: 

Grâce à la formation sur l'approche (PICSA), je prends de meilleures décisions. J’arrive à mieux planifier ma production et à mieux  m’organiser».  

Au Sénégal, conscients que la radio communautaire est l’un des meilleurs moyens de diffusion de l’information climatique, l’Union des Radios Associatives et Communautaires (URAC), l’ANACIM et le CCAFS ont formé les professionnels de la radio à la compréhension et la diffusion des bulletins météorologiques.

Plus de renseignements dans ce Blog sur la formation des professionnels de la radio

Des décideurs politiques engagés et mieux outillés

L’amélioration et le renforcement de la résilience et la capacité d’adaptation des populations rurales face aux impacts de la variabilité et du changement climatique en Afrique de l’Ouest passe par une forte implication des décideurs politiques. Des plateformes d’échanges composées de chercheurs, techniciens, producteurs, académiciens, communicateurs, ONGs, acteurs du privé rural, et des politiques, échangent régulièrement des connaissances sur l'adaptation au changement climatique. La plateforme du Mali compte déjà des membres de plusieurs bords. En plus des chercheurs et des acteurs politiques, on y dénombre des leaders traditionnels, des membres des coopératives de producteurs agroalimentaires locaux ainsi que les acteurs impliqués dans les questions genre.

Atelier sur les plateformes d'échange d'information et de savoir, Dakar, Sénégal. PhotoM. Tall (CCAFS )

 Au Mali, au Sénégal et au Ghana, ces plateformes servent de cadres de mise en œuvre et de concertation pour un développement de plans, programmes et politiques d'agriculture intelligente face au climat qui soient bien informés par la science.

Au cours de fréquentes sessions de travail, les participants énoncent des stratégies pour le développement des systèmes agricoles et alimentaires résistants au climat. Il y est également question de renforcement de capacités des ressources humaines requises pour une promotion de l'agriculture résiliente au climat dans la zone ouest africaine.

En plus d’un apprentissage mutuel, ces rencontres offrent des occasions uniques aux participants d’examiner les lacunes dans les connaissances et d’identifier les priorités pour une recherche sur le thème du climat.

 

Quelques publications de CCAFS Afrique de l'Ouest sur le sujet du renforcement de capacités:

1. Plan d'action national pour le climat et la sécurité alimentaire du Ghana pour la période 2016-2020

2. Pour des informations sur la Plateforme nationale de dialogue science-politique du Sénégal

3. Pour plus d’informations sur le dialogue avec les décideurs politiques au Mali

4. Blog sur la plateforme de partage des connaissances qui aide le Mali à mieux se défendre contre le changement climatique

5. Quand le Sénégal et la Colombie échangent leurs expériences pour un avenir climatique sûr. A lire ici

1. En savoir plus sur le projet de construction des systèmes agro-sylvo-pastoraux résilients en Afrique de l'Ouest grâce à une recherche action participative

 

 

 

Dansira Dembélé est assistante de communication à CCAFS Afrique de l'Ouest